28 août 2016

DAVID GRUBBS : The spectrum between


Acquis chez Human Relief Welfare à Dalston le 16 août 2016
Réf : DC186CD -- Édité par Drag City aux Etats-Unis en 2000 -- Auction-ready promo
Support : CD 12 cm
9 titres

J'ai fait un court séjour à Londres à la mi-août, notamment pour assister à la projection du documentaire Lawrence of Belgravia, que j'ai mieux apprécié en salle qu'en DVD, d'autant qu'il était complété par une intervention de Lawrence et du réalisateur Paul Kelly.
J'en ai profité pour acheter des disques pas chers, bien sûr, et j'ai surtout trouvé des CD.
A la grande boutique d'Oxfam à Dalston, où j'avais trouvé un bon paquet de disques l'automne dernier, dont un maxi de Lambchop, j'ai à nouveau trouvé quelques CD et 45 tours intéressants. Mais c'est quelques portes plus loin, chez Human Relief Welfare, dans une boutique qui ne paie pas de mine, que j'ai fait ma meilleure trouvaille.
Il y avait un carton de CD à 50 pence, que j'étais en train de fouiller sans rien y trouver. Mais la vendeuse m'a interpellé pour me montrer un carton plein de CD qu'elle s'apprêtait à mettre en rayon. Beaucoup de choses de bon goût dedans, dont des rééditions et des promos. Je me suis efforcé de me montrer raisonnable dans mes choix, au vu notamment des pilesqui ne cessent de grandir à la maison de CD que je n'ai pas encore eu l'occasion d'écouter, mais je suis quand même ressorti de là avec plus de vingt disques, de Captain Beefheart à Robert Wyatt, des Byrds à Will Oldham !
Dans le lot, il y avait deux albums de David Grubbs. The optimist notes the dusk n'est pas mal, mais je lui ai préféré The spectrum between, musicalement, mais aussi à cause du graphisme du rond de CD :



Il n'y a pas de mention particulière qui indique sur la pochette que mon disque est un hors-commerce destiné la promotion. Simplement, le code-barre est perforé, ce que font parfois les labels pour s’assurer qu’un disque envoyé gratuitement ne se retrouve pas dans le commerce de détail.
Par contre, le disque lui-même est très particulier. Je n'en ai pas trouvé d'image en ligne, mais je parierais bien que, pour les exemplaires commercialisés on a quelque chose d'assez classique, alors qu'ici on a une assez bonne blague à l'intention des journalistes et gens du métier un peu rapaces : un CD "prêt à être vendu aux enchères", non pas sur Drag City (DC) mais sur DCBAY. Les rubriques de l'Ebay encore un peu balbutiant de l'an 2000 sont pré-remplies, le vendeur indélicat est qualifié de "scumbag" (disons, "sac à merde") et évalué comme tel, et il est indiqué que le produit permettra à du hash non fumé de se trouver une maison ! Une façon encore pas trop méchante pour un label indépendant, aux budgets de promotion forcément limités, de s'en prendre à certains de ses partenaires...
Plus de quinze ans ont passé, mais j'ai quand même pris la peine de vérifier : de nombreux exemplaires de The spectrum between sont en vente sur Ebay, mais je n'en ai vu aucun présenté comme un promo !
Tout comme son compère de Gastr Del Sol Jim O'Rourke, David Grubbs est capable de se lancer dans des projets bien barrés, virant à "l'expérimental" ou "l'avant-garde", mais il peut tout aussi bien produire des morceaux qui ne sont ni plus ni moins que d'excellentes chansons que de nombreux artistes "pop" pourraient lui envier.
C'est ce deuxième aspect de son œuvre que je préfère, et j'ai de la chance, car c'est celui auquel j'ai été le plus souvent exposé, sur scène et sur disque.
Avec Dorian Feller, je l'ai vu en concert à la MJC Claudel le 15 mars 1999, avec Superstructure en première partie (aucun souvenir), dans une série de quatre concerts en cinq semaines où j'avais aussi vu Dogbowl, Superflu et Calc (aucun souvenir non plus, à tel point que la mémoire ne m'est même pas revenue quand j'ai chroniqué des disques de ces groupes !),et DAAU. Il était seul à la guitare acoustique et pour le coup je me souviens que j'ai apprécié sa prestation et que j'ai passé un bon moment.
Peut-être même a-t-il joué ce soir-là des morceaux de The spectrum between ? En effet, l'album a été enregistré dans l'année qui a suivi et il est dans la même veine, avec des paroles directes mais très originales. Le disque a été enregistré à New-York, mais il est aussi un petit peu français puisqu'on y trouve les fondateurs du label Rectangle Noël Akchoté (à la guitare sur trois titres) et Quentin Rollet (au saxophone sur un titre).
De Seagull and eagull à Two shades of green (à  rapprocher, forcément, de Two shades of blue sur l'album de 1998 The thicket), j'apprécie vraiment la plupart des chansons de ce disque, avec une préférence particulière pour la séquence de quatre titres qui va de Gloriette (qui démarre calmement à la guitare acoustique avant une partie instrumentale assez longue mais réjouissante, propulsée par la batterie de John McEntire de Tortoise) à Pink rambler.
David Grubbs est également professeur au conservatoire de Brooklyn et l'auteur d'un livre paru en français l'an dernier, Les disques gâchent le paysage : John Cage, les années 1960 et l'enregistrement sonore. Les disques qui gâchent le paysage sonore, c'est peut-être vrai pour John Cage et la musique expérimentale des années 1960, mais c'est pas demain que ça le sera pour moi !

The spectrum between est en vente chez Drag City, où l'on peut écouter des extraits de tous les titres.

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